Ingbert Brunk
Reportage photographique auprès du sculpteur de marbre Ingbert Bunk, sur l’île de Naxos, dans les Cyclades grecques.
À l’extrémité orientale de Naxos, à Moutsouna, le temps semble suspendu. C’est là qu’Ingbert Bunk façonne sa vie au rythme du soleil. Le matin et à la tombée du jour, quand la lumière se fait douce et que la chaleur s’atténue, son geste reprend, patient et précis.
Face à lui, le marbre de Naxos. Dense, lumineux, presque vivant. Ingbert cherche à en révéler les courbes cachées, à en libérer l’harmonie secrète. Chaque bloc devient un dialogue, parfois fluide, parfois résistant, mais jamais vain. Car pour lui, l’essence de l’art réside autant dans l’attente que dans l’action.
Lorsque l’inspiration se fige, Ingbert se détourne, se rapproche d’une autre pièce. Plusieurs créations naissent ainsi en parallèle, comme des fragments d’une même respiration. Puis, dans un mouvement de recul, la solution apparaît, et le dialogue reprend.
Loin de l’agitation et de la logique de production qui rythment nos sociétés, Ingbert sculpte selon une temporalité qui n’appartient qu’à lui. Un rythme intérieur, presque organique, qui s’achève seulement lorsqu’il estime avoir porté le marbre à sa juste lumière.